tout petit, on me surnomme «Roger l’inventeur», s’amuse Roger Pellenc. Le « bon Dieu » m’a donné cette capacité à imaginer l’avenir assez naturellement sur le plan technique. Mes collaborateurs ont coutume de dire que j’ai une nouvelle idée chaque jour. Il va de soi que je ne suis pas à l’origine de toutes les nouvelles idées. Je suis en permanence en contact avec les clients afin d’apprécier l’air du temps et de trouver l’inspiration. »
Pellenc dispose aujourd’hui de toute la chaîne de machines pour la viticulture et a également développé en parallèle l’oléiculture en commençant en France. L’Espagne étant le plus gros producteur mondial d’huile d’olives, Pellenc y a implanté une grosse unité qui porte la responsabilité pour le groupe de la fabrication des machines destinées aux olives. Pellenc est devenu le numéro un mondial sur ce créneau et exporte ses machines dans le monde entier.
Pellenc a aussi développé toute une série d’outils électroportatifs avant-gardistes en commençant par le sécateur électrique équipé d’une tout petite batterie qui tient dans une poche – ce sécateur coupe deux fois plus rapidement qu’un homme et réduit considérablement la fatigue de l’utilisateur. Le constructeur a ensuite développé toute une gamme d’outils électriques s’inscrivant dans le cadre du développement durable et de l’industrie verte. L’entreprise est devenue l’une des références majeures pour les professionnels en matière d’outils électroportatifs professionnels qui remplacent les outils très bruyants, comme les débroussailleuses et les taille-haies, et qui polluent beaucoup moins. « Nous devons le développement de Pellenc et sa pérennité au fait d’avoir réussi à introduire l’électronique et le numérique dès les années 90, détaille Roger Pellenc. Aujourd’hui, une machine à vendanger est un trésor d’électronique embarquée « Made in Pellenc ». »
Une marge de progression
Pellenc fourmille d’idées. Prenons l’exemple des olives. Des millénaires durant, les olives ont été pressurées pour extraire l’huile d’olives selon la même méthode. Les machines actuelles permettent de cueillir les olives : le système déploie une grande bâche au pied de l’arbre, un tracteur équipé d’un bras vibreur pour faire tomber les fruits de l’arbre et la machine remonte la production sur un convoyeur. Tout au long du processus, un système d’aspiration nettoie après la collecte des olives sans débris végétaux. Le gain de productivité est d’environ vingt fois celle de la récolte manuelle. Mais la marge de progression est encore importante. A ce jour, les machines ne permettent pas de traiter toutes les variétés d’olives existantes – il existe plus de 2000 variétés différentes. Le groupe Pellenc travaille activement afin de pouvoir gérer toutes les variétés en appellation d’origine. Des machines de récolte encore plus performantes sont annoncées.
Pellenc est également devenu un spécialiste des batteries. Dernièrement, une nouvelle start-up qui développe des solutions de stockage d’énergie de pointe pour des applications dans les outils électroportatifs (agriculture, espaces verts…) a vu le jour. Pellenc travaille avec le CEA de Grenoble et plusieurs laboratoires universitaires pour produire des batteries avec des caractéristiques permettant de faire des tracteurs électriques et des machines électriques et donc d’éviter l’utilisation des moteurs diesel.
Une succession qui s’inscrit dans la continuité
«Le 1er avril 2017 ,j’ai transmis l’entreprise à la société Edify, groupe savoyard, également actionnaires de la société Somfy, leader mondial de l’automatisation des ouvertures et fermetures de la maison et du bâtiment, commente Roger Pellenc. J’ai 73ans et je n’ai pas d’enfant, je souhaitais donc assurer la pérennité de l’entreprise. J’ai été très courtisé par les financiers mais je restais assez méfiant sur leur capacité industrielle. La société Edify que je connais de longue date et dont le propriétaire a le même tempérament que moi m’a semblé être la solution idéale. Son président (Paul-Georges Despature, Ndlr) porte des valeurs humaines fortes. Nous étions sur la même longueur d’onde. » Roger Pellenc est resté directeur de la stratégie et responsable de la R&D, tandis que les deux directeurs qui l’entouraient ont pris des fonctions de directeurs généraux délégués. Une belle ETI industrielle, qui a décidément pensé à tout. L’ancien petit prof. d’Avignon a bien fait de démissionner de l’école…
Source : Entreprendre / Isabelle Jouanneau / 1 février 2018